Le saxophoniste Thurgot Théodat navigue depuis longtemps entre la France et Haïti, son pays d’origine. Des études à Paris – où le virus de la musique prend forme – puis un retour à Port-Au-Prince, avant de se réinstaller du côté de Toulouse et de faire des allers-retours entre les deux rives de l’océan. Il monte plusieurs formations avant de se fixer au début des années 2000 sur son groupe Badji. Le premier album sort en 2006, avec les participations du bassiste prodige Marck-Richard Mirand, du batteur Sega Seck rencontré en Sud de France, du regretté Claude Py, guitariste on ne peut plus inspiré, du percussionniste Claude Saturne, que l’on entendra plus tard dans le projet Voodoo Jazz Trio de Jacques Schwarz-Bart, ainsi que de Loubens Bien-Aimé, Jean Mary Louissaint, Lesly Denard et Nickel Jasmin. Thurgot Théodat propose un mélange particulièrement réussi de jazz et musique vaudoue, plongé dans la tradition du rara haïtien, mais ne dédaigne pas des détours vers le calypso ou la bossa nova. En 2007, il présentera Badji lors du Festival de Jazz de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Thurgot devient à la même époque directeur de l’École Nationale des arts (ENARTS) de Port-au-Prince, où il enseigne. Miraculé du tremblement de terre de 2010, il vivra plusieurs semaines dans sa voiture, son saxophone dans le coffre. Et il faudra attendre 2017 pour qu’il retrouve la force de produire l’opus suivant de Badji.