À l’époque où le jazz naissait à la Nouvelle-Orléans, aux Antilles, la biguine se développait sur le même terreau de départ, un mélange de rythme africains et de musiques occidentales, importés dans la douleur. Les orchestrations se ressemblent, mais les rythmes diffèrent, et par exemple les chorus improvisés du jazz n’ont pas leur place dans l’exposition et les développements des thèmes de la biguine. Alexandre Stellio est définitivement l’un des pères de la biguine, et ses premières compositions puisèrent souvent dans le ragtime américain, comme l’incontournable Serpent Maigre. Tous les enregistrements originaux de Stellio, gravés essentiellement durant les années 30, ont été publiés sur 78 tours. C’était donc particulièrement bien vu de la part de Gilles Sala – et qui mieux que lui pour cela ? — en 1966, de rassembler ces titres sur un 33 tours beaucoup plus accessible. Biguines bien sûr, mais aussi mazurkas et valses, une plongée historique dans ce patrimoine toujours vivant, incluant de nombreux standards comme Manicou Volant, Au Bar des Îles et bien évidemment Serpent Maigre !